Grève des bouchers à Abidjan: les nouveaux tarifs d’abattage des bêtes dérangent

Grève des bouchers à Abidjan: les nouveaux tarifs d’abattage des bêtes dérangent

Depuis le 22 Mai 2019 on observe un ralentissement, voir un arrêt des activités à l’abattoir de Port-Bouet. Les bouchers ont entamé une grève qui entraine une pénurie de viande sur le marché. Les nouveaux tarifs de l’abattage des bovins sont à l’origine de cette grève. Tcheladay.info a été sur le terrain.

Depuis le 22 Mai 2019 on observe un ralentissement, voir un arrêt des activités à l’abattoir de Port-Bouet. Les bouchers ont entamé une grève qui entraine une pénurie de viande sur le marché. Les nouveaux tarifs de l’abattage des bovins sont à l’origine de cette grève. Le Rapporteur.net a été sur le terrain.

Grève des bouchers à Abidjan : les raisons de l’arrêt de travail

« Il n’y a pas eu d’abattage de bovins. Donc Il n’y a pas de viande encore aujourd’hui. Les bouchers sont en grève à l’abattoir ». a affirmé M.K boucher à Angré à tcheladiay.info ce 24 Mai. Il était 9h. La veille, le 23 Mai, le boucher avait tenu les mêmes propos.

Déjà 48 h que les populations ont du mal à se procurer de la viande sur le marché. La seule explication qu’ils ont de la part des bouchers c’est « qu’il y a la grève ». Pourquoi cette grève ? Qu’elle en est l’origine ? Pour mieux comprendre la situation tcheladay.info se rend à l’abattoir de Port-Bouët pour s’enquérir des faits.

10h30 ! Dès son arrivée, l’équipe de Tcheladay remarque la présence d’un cargo de policiers posté à l’entrée de l’abattoir. Un peu plus loin, un attroupement de personnes en pleine discussion. Approché par tcheladay.info pour avoir la situation des faits, C’est Ousmane qui prend la parole. « Nous ne sommes pas en grève. Nous avons juste arrêté de travailler » explique-t-il. Mais pourquoi cet arrêt de travail ? Notre interlocuteur nous fait comprendre que c’est pour manifester leur mécontentement vis-à-vis de certains changements au niveau de l’abattoir.

« Avant nous abattions nos bêtes ici à 3000 francs l’unité. Mais depuis le mercredi ̏ cette femme ˝ veut obligatoirement qu’on tue nos bœufs dans un nouvel espace qu’elle a aménagé. Mais nous devons payer 22.000 F Cfa par bête au lieu de 3000 F Cfa que nous payions auparavant. C’est trop cher » S’indignait ainsi notre interlocuteur.

Il ajoute que les moutons qui étaient abattus à 750 F Cfa l’unité le sont désormais à 3.500 F Cfa. Ce qui est inadmissible pour les bouchers. Concernant les moutons, nous leur avions proposé de le faire à 1000 F Cfa mais il la dame a encore refusé.

« Cette dame » dont il parle n’est autre que Mme Ouattara Directrice de la société AFAM, cette entreprise qui a le marché de construction de l’abattoir

« Si nous payons l’abattage à 22.000 nous serons obligés de répercuter cette somme sur le prix de la viande. Seriez-vous prêts (Ndlr : les consommateurs) à payer le kilo de viande à 3000 ou 3500 FCFA désormais ? » Interroge un vieil homme qui s’est invité dans la conversation. Comme pour vider tout ce qu’il a sur le cœur, l’homme poursuit son propos. « En plus cette machine est incapable d’abattre autant de bœuf que nous ». Affirmation qu’acquiesce l’attroupement de personnes qui vient de se former subitement autour de nous.

Selon les bouchers de minuit à 4h du matin la machine est incapable d’abattre plus d’une cinquantaine de bêtes. Par contre de manière artisanale, eux capables d’en abattre 1000 dans ce laps de temps. « C’est sans compter les moutons » ajoute le vieillard.

Ces professionnels du batail sont clairs. Il n’y aura aucune activité tant que les prix ne baisseront pas. Ils précisent également que ce dispositif sera installé les jours à venir dans les abattoirs de Yopougon et d’Abobo. « Depuis mercredi ces deux abattoirs sont carrément fermés. Rien ne marche » informe le vieil homme. Apres l’étape des troupeaux, l’équipe Tcheladay se dirige vers les boxes des bouchers.

Les nouveaux tarifs d’abattage sont la cause du manque de viande sur le marché.

Une fois dans la boucherie un autre spectacle s’offre à nous. Des bouchers assis devant leur box causent entre eux. Leurs tables sont vides. Certains essaient de vendre les restes de viande congelés aux clients désespérés. L’un d’eux s’adresse à nous « Madame prenez cette viande. C’est tout ce qui reste. Vous n’en trouverez nul part dans cet abattoir aujourd’hui, encore moins demain. C’est certainement lundi qu’il y aura de la viande. » Tente-t-il de nous baratiner.

Dans le second bloc des bouchers, le spectacle est le même. Seuls des têtes et des pattes de moutons gisent sur les tables.

Des clientes dépitées, se reposent sur les bancs espérant un miracle
« J’ai besoin de pattes de bœuf pour un baptême le dimanche. Malheureusement il n’y en a pas ici. Je n’ai aucune envie d’acheter ce qui est importé. Parce que quand tu prépares ça, ça remplie ta bouche. Il n’a pas de goût » murmure une cliente. Et sa voisine de renchérir « »C’est bien fait pour les bouchers. Chacun à son tour ce gouvernement-ci est là pour s’arranger lui-même. Ils vont se souvenir de la photo de Gbagbo où il écarquillait ses yeux ». Les autres dames autour d’elle acquiescent et pouffent de rire comme pour noyer leur dépit. Pour cette dame cette décision est purement politique.

L’équipe de Tcheladay se rend au sein de la boucherie moderne. Ce sont les locaux de la société Afam.

Les nouveaux tarifs sont le prix de la modernité. Quid du consommateur ?

Sur place, nous nous enquerrons sans décliner notre identité de la disponibilité de la viande. Un employé en charge de la sécurité nous répond par l’affirmatif. Surprise !

L’employé nous accompagne tout sourire à la chambre froide. Une fois sur les lieux le constat est clair. Il y a de la viande à profusion. Comment se fait-il qu’il n’y en ait pas sur les marchés ?

S’il relève d’un véritable parcours du combattant de s’approvisionner en viande de bœuf chez les bouchers, les consommateurs peuvent s’en procurer directement dans la nouvelle chambre froide de l’abattoir de Port-Bouët. 1900 F Cfa le kilo. La Chambre froide pour l’occasion a ouvert ses portes aux clients quelque peu soulagés. Pour satisfaire la clientèle, les responsables sont prêts à vendre au détail au lieu de se contenter du gros. Un dispositif d’urgence se met en place pour accueillir les clients qui commencent à venir en masse.

Selon les confidences de Mme Ouattara Directrice de la Société Afam, « les bouchers payaient 3 000 F à l’Etat pour l’abattage des bœufs uniquement. Les autres prestations liées notamment au nettoyage et dépeçage des bêtes, ont également un coût. Seulement ils payaient leurs enfants pour accomplir ces tâches ». Précise dame Ouattara. Toutes ces prestations prises en compte justifient le nouveau tarif fixé à 22 000 F. « En plus, nous avons pris leurs enfants pour travailler avec nous. Et comme les bouchers ne sont pas d’accord avec les prix et qu’ils grèvent, ils ont arrêté de travailler. Donc nous les avons remplacés ». Ajoute la Directrice de l’Afam sarl.

La grande équation dans cette guerre de tarification est l’impact de cette boucherie moderne entièrement automatisée sur le consommateur. Déjà la rareté de la viande à fait monter le kilo de la viande de bœuf à 2.800 voire 3.000 F Cfa. En ce qui concerne la viande de mouton, l’on est à 3500 F Cfa le Kilo au lieu de 3.000 F Cfa. La ménagère doit-elle se préparer à un nouveau régime ?

Elisabeth Yaba/ Raïssa Yao

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