La stigmatisation selon le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) est le «Discrédit que l’on jette sur une personne, en fonction de son statut sérologique, de son orientation sexuelle, qui conduit à la non considération de cet individu comme un membre à part entière de la société.»
La stigmatisation des malades du sida est un obstacle à l’accès aux traitements. Comment aider les victimes à surmonter cette situation et surtout sensibiliser leur entourage à avoir un regard nouveau sur ces malades afin qu’ils ne se sentent pas rejetés ? Le Rapporteur.net s’est penché sur la question.
Rejetés à cause de leur séropositivité
Anne-Marie se disputait avec sa mère lorsque cette dernière sous l’effet de la colère a révélé la séropositivité de sa fille. Depuis lors, plus personne ne veut s’approcher d’Anne-Marie à la maison de peur d’être contaminé. On lui a assigné des assiettes, des gobelets, des couverts pour ne pas avoir à partager la même vaisselle qu’elle. La nouvelle s’est répandue dans son village situé à 10 km d’Abidjan comme une trainée de poudre. Elle est montrée du doigt et elle a même perdu son travail. Avant, elle aidait les vendeuses d’Attiéké à éplucher le manioc, puis à préparer l’attiéké et elle recevait sa paie à la fin de la journée. Maintenant personne ne la sollicite. Pis,
elle a même perdu ses amies. Anne-Marie dit que cette situation est « insupportable » pour elle. « Souvent, j’ai l’envie de quitter ma famille pour un endroit où personne ne me connait afin de retrouver le goût de la vie. » Quelques rare fois, elle dit qu’elle envisage se donner la mort. Avant que son statut sérologique n’éclate au grand jour, elle fréquentait une ONG dont elle a préféré taire le nom. Là-bas elle pouvait rencontrer d’autres personnes Vivant avec le VIH ( PVVIH) avec lesquelles elle partageait son expérience. Elle y apprenait aussi l’attitude à tenir pour ne pas contaminer les autres. «C’est lorsque je vais aux rencontres de l’ong que j’ai un peu de tranquillité. Sinon au village je suis une personne indésirable.» Selon la loi en Côte d’ Ivoire, Anne Marie aurait pu porter plainte contre sa mère, pour son acte, mais cela serait mal vu par sa communauté. Selon Le Rapport de l’Index Stigma réalisé en 2016, 40,4% de personnes vivant avec le VIH ont été victimes de stigmatisation et cela à des impacts sur la prise en charge.
En 2002, pour éviter toute stigmatisation Souleymane Kanaté a préféré cacher sa séropositivité qui a dû l’emporter. Sa femme Matinin a découvert sa maladie quand l’examen de son fils, Adama, qui tombait régulièrement malade, a montré qu’il était atteint du sida. Déclaré elle aussi séropositive, son mari n’avait plus d’autre choix que d’avouer son état de santé. « Il dit qu’il avait peur qu’on l’abandonne et qu’il reste seul comme d’autres personnes malade du sida.» explique Matinin. Pour donner l’impression d’être en bonne santé, Souleymane ne prenait pas correctement son traitement.Détectée positive au VIH, Matinnin a suivi un traitement et fait prendre à Adama son traitement, ce qui a sauvé la vie de son fils – Adama a aujourd’hui 19 ans.
Le taux de prévalence de VIH en Côte d’Ivoire était estimé à 2, 39% en 2020 par le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS).Un pourcentage qui place le pays dans le « big five » des pays de l’Afrique subsaharienne. Il révèle aussi une prédominance plus forte chez les femmes estimée à 64,5%.
La stigmatisation cet énorme ennemi à combattre avant le virus du sida
Ce rejet des personnes vivant avec le VIH constitue l’une des causes pour lesquelles des personnes continuent de mourrir car ayant peur qu’on les voit prendre leur traitement. Ou pire qu’elles soient rejetées. Ce qui les emmène souvent à la mort, a précisé Laurent Gnon du service de mobilisation du PNLS.
Selon le programme de lutte contre le sida, environ 428 827 personnes vivaient avec le VIH/SIDA en 2020. C’est à cette frange de la population, qu’ Ahou Nicole consacre une grande partie de son temps en les aidant à surmonter la stigmatisation, à travers l’ong Ahikou où elle travaille «Nous expliquons aux parents des malades qu’ils ne craignent rien et qu’ils ne risquent pas d’attraper le vih en fréquentant les personnes contaminées, ». Cependant, Ahou Nicole avoue que c’est un travail de longue haleine car il faut du temps à ces proches de malades pour pouvoir accepter cette situation. Du côte du PNLS, le combat contre la stigmatisation se fait au niveau de la formation. Laurent Gnon affirme que leurs actions se concentrent sur la formation et la sensibilisation du personnels de santé, les religieux, les juristes, des communautaires sur la thématique et eux vont servir de relais dans leur environnement. «Tant que les gens continueront à indexer les personnes atteintes du VIH sida, personnes ne sera prête à révéler son statut sérologique à d’autres personnes et la conséquence on la connait. Puisque le statut est caché, on va vivre comme-ci que tout était normal. Et puis pourquoi ne pas avoir de rapports non protégés pour continuer à propager le VIH sans bien le vouloir.» précise
Sur le plan juridique la Côte d’Ivoire protège les personnes vivant avec le VIH. Depuis 2014, il existe une loi n° 2014-430 portant régime de prévention, de protection et de répression en matière de lutte contre le VIH et le SIDA. « . Toutes discriminations ou stigmatisation à l’égard d’une personne en raison de son statut sérologique positif au VIH avéré ou présumé est interdite. Précise l’article 18 de cette loi
Pendant ce temps, Salimata a choisi de garder le silence sur sa maladie. Elle continue de suivre son traitement en cachette. «Mes filles le sauront en partageant mes affaires à ma mort »
Raissa Yao
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