Blé Goudé Charles de passage à Paris à accordé une interview à TV5
Blé Goudé Charles, Co-accusé avec Laurent Gbagbo a été définitivement acquitté comme son mentor le 31 mars 2021. Il est toujours en attente d’un passeport pour renter en Côte d’Ivoire. De passage à Paris, il a accordé une interview à TV5 monde.
Charles Blé Goudé, vous êtes ancien ministre ivoirien, ancien chef des jeunes patriotes et actuellement président du cojep (coordination des jeunes patriotes). Tout comme Laurent Gbagbo vous avez été accusé de crime contre l’humanité par la CPI après les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. Le 31 mars dernier vous avez été complètement acquitté, nous reviendrons sur votre actualité mais une réaction sur cette condamnation à vie de Guillaume Soro.
Moi par principe puisque je n’ai pas de principes à géométrie variable, je ne me réjouis jamais du malheur d’autrui. Seulement, ce à quoi j’assiste pour notre jeunesse, pour notre peuple, c’est beaucoup de leçon de vie. Vraiment beaucoup de leçon de vie.
C’est une vrai leçon de vie ce à quoi nous assistions. Ce qui est vrai aujourd’hui n’est pas forcement vrai demain. Tout est dynamique. Toute réalité politique est une denrée périssable. Ce que j’avais envie de dire : j’ai beaucoup de pincement au cœur pour Guillaume que je connais bien. Mais j’ai confiance en son équipe de défense qui certainement va se battre pour le sortir de là. C’est la justice je ne voudrais pas faire plus de commentaire que cela.
Charles blé Goudé, vous avez été acquitté par la CPI (Cours pénal Internationale) il y a 3 mois après avoir passé notamment 5 ans en détention. Votre ancien co-accusé Laurent Gbagbo est rentré jeudi dernier en Côte d’Ivoire. Vous, vous êtes toujours dans l’attente de votre retour faute de passeport. Comment vous sentez-vous aujourd’hui.
Je me sens bien. Je me sens très bien et je me réjouis du retour du Président Laurent Gbgba en Côte d’Ivoire. Il le fallait, ses partisans l’attendaient. Beaucoup d’ ivoiriens l’attendaient pour que cela puisse contribuer aussi au processus de paix en cours. Moi, j’ai toujours dit à la CPI même quand j’étais sur le banc des accusés que le Président Gbagbo n’avait pas sa place là. Qu’ il ait regagné sa terre natale et aussi en bonne santé comme j’ai vu les images, je suis aussi content. Il m’a appelé avant de prendre l’avion. Quand il est arrivé il m’a aussi appelé pour me dire qu’il était aussi bien arrivé. Et je suis content.
Vous n’avez pas le sentiment d’avoir été lâché par votre mentor, lui qui a dû négocier seul, rentrer seul au pays alors que vous étiez ensemble à la CPI, ensemble dans ce combat politique ?
Voyez-vous, quand vous êtes en prison, ça fait la 10ème fois que je fais la prison pour mes ambitions politiques. Quand vous êtes en prison quand votre co-accusé est maltraité et qu’on lui fait du mal vous avez des raisons d’être triste. Mais quand il est libéré, qui plus est rentré chez lui, auprès des siens cela veut dire que votre tour arrivera aussi. Ce que la prison m’a appris madame c’est la patience. Je suis patient. Et dans tous les cas ce n’est pas le Président Gbagbo qui autorise qu’on rentre en Côte Ivoire. Cela est une assurance, que moi aussi, mon tour viendra et j’ai espoir.
Cela fait 3 mois que vous êtes dans l’attente de votre passeport. Est-ce que vous avez des retours ? Où en est la procédure ?
Madame j’ai tout payé. Il me fallait payer 105 euros pour mes dossiers, ce qui a été fait, le timbre. Il me fallait payer 10 euros pour le rendez-vous que je n’ai jamais eu. Il me fallait .J’ai même écrit une lettre recommandée à l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire à la Haye qui est juste mon voisin je n’ai jamais eu de retour. Et j’ai remis aussi tous les documents à la CPI le 26 avril ils m’ont dit qu’ils sont en contact avec les autorités ivoiriennes. Mais cela dit il faut être patient.C’est ceux qui refusent à apprendre à grimper qui ont besoin d’une tempête pour espérer avoir ne manque. Je suis serein.
J’ai confiance dans les propos tenus par le Président ivoirien qui a dit que si monsieur Blé Goude et monsieur Gbagbo souhaite renter en Côte d’Ivoire, ils le peuvent. Il vient de le faire pour le Président Laurent Gbagbo. J’attends simplement que mon tour arrive
Si cela traine, les autorités ivoiriennes ont certainement une raison. Il faut bien qu’il existe une raison. Seulement, je ne la connais pas seulement je constate que tout le monde rentre sauf moi. J’attends et j’espère que mon tour viendra.
Charles blé Goude même si vous ne rentrez pas demain est-ce que vous ne craignez pas d’être arrêté à cause de cette condamnation de 20 ans de prison pour acte de torture, homicide volontaire et viol ?
Dois-je encore le répéter ? C’est tout cela qui sont les faits constitutifs de ce que l’on a appelé « crime contre l’humanité ». Faits pour lesquels j’ai été acquitté deux fois. D’abord le 15 janvier 2019. Appel est fait par le procureur. Le 31 mars 2021 j’ai été totalement acquitté. Pour le reste je m’en remets à ce qui se passera dans mon pays. Pour l’instant, je constate que d’autres personnes comme moi qui étaient condamnées à 20 ans aussi sont en Côte d’Ivoire et ne sont pas inquiets.
C’est pour la crise ivoirienne que je suis ici. Je ne suis pas en villégiature. Je ne suis pas un fonctionnaire internationale qui a été affecté à la Haye.
Je suis là pour mon soutien au Président Laurent Gbgabo. Nous avons subi un procès joint. Nous avons été acquittés ensemble. Nous avons fait la prison ensemble. Et tout le monde est rentré. Je ne pense pas que je suis une personnalité à part. Je fais partie de tous ceux qui ont été considéré comme des acteurs de la crise ivoirienne. Tout ce que vous venez de montrer comme image c’est tout cela qu’on appelle la crise.
Et quand nous disons devant les caméras du monde que nous voulons tournez la page. Au nom de la réconciliation, moi j’ai toujours voulu que cette trilogie entre notre pensée, notre parole et nos actes soient respectés.
J’ai confiance dans les propos du Président Alassane Ouattara qui malgré la condamnation du Président Gbagbo à 20 ans vient de le faire entrer. Il avait promis et il la fait. Et je sais qu’il va le faire pour moi au nom de la réconciliation. Et je m’en remets en lui et j’ai confiance en lui.
2025 élection présidentielle en Côte d’Ivoire, vous y penser ?
Nous sommes en 2021 madame et vous parlez madame de mon passeport. Je pense que quand on a des convictions enfouies en nous. Le temps n’est pas un problème pour nous. J’ai mon temps avec moi.Je ne l’ai jamais caché. J’ai des ambitions pour mon pays. J’ai un projet pour mon pays. Mais mes ambitions politiques ne sont pas au-dessus de la vie des ivoiriens donc de mes concitoyens.Il faut d’abord rassembler le peuple de Côte d’Ivoire qui sort de crise. On ne peut pas hisser la Côte d’Ivoire au firmament de ce monde concurrentiel si nous sommes dans les conflits permanents. Je veux d’abord être un instrument de paix pour mon pays. Rassembler les ivoiriens participer à ce processus de paix avant que je parle d’ambitions personnelles. Il ne s’agit pas de moi.
Est-ce que vous avez le sentiment que le conflit permanent est toujours là ?
Mais madame le feu couve. Vous avez vu à la veille de l’arrivée du Président Laurent Gbagbo monsieur Issiaka Diabi s’est exprimé. À partir de ses propos, qui pour moi sont révélateurs. Son attitude est révélatrice de ce que le feu couve encore. Il y a encore des ivoiriens qui ont la rancœur. Il y a lui qui parle comme président d’un groupe de victimes.
Mais il y a d’autres victimes beaucoup plus nombreuses certainement qui sont dans le silence mais tout cela mis ensemble, il y a encore des plaies qu’il faut panser. Il y a encore des peurs qu’il faut apaiser. La classe ivoirienne est beaucoup interpelée. On ne sort pas d’une crise comme on sort d’un diner gala. Mais c’est notre responsabilité de rassembler notre peuple de nouveau. Arrêtons et cessons de faire plaisir à nos camps. Lançons un appel pour rassembler les ivoiriens de nouveau.Moi c’est cet instrument de paix que je veux être. Je ne veux pas être un chef de camp. Ni un chef de clan. Je veux parler à la Côte d’Ivoire plurielle. Pendant que mes partisans vont être certainement en train de de rire parce que j’ai été acquitté mais il y en a d’autres qui ne sont pas contents.Hors c’est tout ceux -la que moi j’envisage diriger un jour. J’ai le devoir d’avoir un regard sur leur douleur. C’est pourquoi je lance cet appel à toute la classe politique ivoirienne Regardons la réalité politique ivoirienne dans les yeux. Ayons un discours de paix, posons des actes de paix et arrêtons de tenir des discours juste parce qu’on veut se faire applaudir.
Laurent Gbagbo a évoqué dès jeudi un retour en politique est-ce que vous, vous avez le sentiment d’incarner cette nouvelle génération après 30 ans de Ouattara, Gbagbo et Bédié ?
Même si je dois parler de mon avenir politique ne me comparer pas à Laurent Gbagbo. Quel que soit la longueur des oreilles elles n’arriveront jamais à la taille de la tête. Je connais ma place et je ne peux pas me comparer à Laurent Gbagbo. J’ai un avenir politique à construire dans lequel j’ai confiance pour lequel j’ai pris beaucoup de risque.Toute ma jeunesse m’a été bouffée parce que je croyais en une Côte d’Ivoire qu’il fallait construire et je ne suis pas prêt à renoncer à cela.
Vous serez prêt à soutenir Laurent Gbagbo s’il se représentait en 2025 ?
Le Président Laurent Gbagbo vient d’arriver en Côte d’Ivoire. Après 5 ans que moi j’ai passé à ses côtes en prison, j’ai vu ce monsieur souffrir. Je l’ai vu me raconter ce qu’il a subi à Korhogo mais voyez-vous je le répète encore quand un père de famille vient e la chasse, il ne raconte pas à ses enfants ses frayeurs nocturnes. C’est pourquoi, nous nous taisons sur tout cela. Il faut le laisser se reposer. Il faut le laisser prendre pied en Côte d’Ivoire, allez pleurer ses parents et essayer de se remettre à la disposition des ivoiriens qui attendaient beaucoup de lui. Le reste ca dépend de lui. Quand vous dites qu’il est revenu en politique Laurent Gbagbo n’a jamais quitté la politique. Est-ce que je vais le soutenir en 2025 ? Nous sommes en 2021.
Si vous avez un message à passer à vos compatriotes qui sont sur ce chemin de la réconciliation quel serait-il ?
Il y a un temps pour se battre.Il y a un temps pour parler de paix. La France et l’Allemagne ont réussi à passer du face à face au côte à côte. Ils sont aujourd’hui des piliers de l’économie de l’union européenne. La Côte d’Ivoire peut aussi le réussir. Mais surtout je suis là à Paris pour dire merci aux africains qui nous ont soutenu et je leur donne rendez-vous ici samedi à Paris pour mon message de paix.
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