La cohésion sociale en Côte d’Ivoire préoccupe à plus d’un niveau la fondation Rosa Luxemburg. Elle a donc organisée le 29 janvier à la librairie carrefour, la première édition de la table ronde ‘’Graine de Paix ‘’
La cohésion sociale en Côte d’Ivoire préoccupe à plus d’un niveau la fondation Rosa Luxemburg. Elle a donc organisée le 29 janvier à la librairie carrefour, la première édition de la table ronde ‘’Graine de Paix ‘’. Et ce sous la houlette de son ‘’Programme mémoire, justice, réconciliation’’. « Vérité et mémoire dans le processus de réconciliation et de paix, le cas de la Cote d’Ivoire» telle fut la ligne directrice de ce cadre d’échange.
Pour discuter de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire qui est fébrile, Zorro Bi Epiphane, Severin Kouamé et Bangali N’goran ont été invité par la fondation Rosa Luxemburg. L’objectif était qu’ils partagent leurs expériences théoriques et pratiques avec le parterre d’invités issues de la société civile.
Zorro BI Epiphane Magistrat, par ailleurs Secrétaire d’Etat en charge du Renforcement des Capacités et élu local a tenu à s’exprimer en sa qualité d’acteur de la société civile ayant œuvré durant de longues années pour le respect des droits de l’homme. Le député de Sinfra s’est attelé à faire la genèse des crises à répétition qui ont jalonnées l’histoire ivoirienne depuis l’avènement de la « démocratie bipartite en 1990 ». Il a fait allusion au boycott actif de 1995 durant lequel « Laurent GBAGBO alors leader de l’opposition décide de boycotter le scrutin afin d’apporter son soutien à Alassane OUATTARA contre Henri Konan BEDIE ». Le coup d’état de 1999 qui aboutira à l’élection présidentielle de 2001 que « le Président Laurent GBAGBO va qualifier d’élection présidentielle calamiteuse »,le «charnier de Yopougon», la rébellion de 2002. Et plus récemment les crises post électorales de 2010-2011 et de 2020. Zorro Bi Epiphane a passé au peigne fin chacune de ces crises non sans évoquer leur cocktail d’atrocités faites d’atteintes à la vie et à l’intégrité physique, d’exécutions sommaires, de viols et de violations de libertés fondamentales, des droits de l’homme et de crimes de guerre. ‘’Privilégier l’action judiciaire et lutter contre l’impunité’’ ou ‘’privilégier la manifestation de la vérité, toute la vérité et la construction de la mémoire collective’’ tel est le dilemme auquel la société ivoirienne a été confronté au sortir de ces évènements. Et elle semble avoir opté pour le pardon car très peu d’espace semble avoir été donné à la manifestation de la vérité. Mais « la Côte d’Ivoire n’a pas pu aller jusqu’au bout de cette logique parce que nous manions la carotte et le bâton des poursuites judiciaires» a indiqué le magistrat.
La cohésion sociale passe par la réconciliation
La cohésion sociale passe par la réconciliation pour ce faire « il faut se réinventer et pour se réinventer il faut une mémoire collective».La mémoire collective qui se nourrit de vérité aux dires du Docteur Bangali N’goran a « une fonction thérapeutique au sens de l’individus mais aussi de la nation ». Il n’y a « pas de société sans conflits, sans crise », mais après chaque conflit il faudrait faire un travail de rectification condition sine qua none pour avoir une mémoire post conflit apaisé gage de cohésion sociale. Pour coconstruire cette cohésion autant les actes de justice que les démarches symboliques de rapprochement permettent de construire un « Happy End ». Aussi l’historien n’a pas manqué de souligner qu’il était question de choisir « entre le cauchemar sans fin et une fin heureuse ». Le Docteur Kouamé quant à lui s’est appesanti sur « l’approche ethnique et socioculturelle dans le processus de réconciliation ». Pour le Sociologue « les conflits que nous avons connus se structurent sur des ressentiments anciens et la période électorale n’est qu’un révélateur de choses que nous avons refusés de voire en face ». Nos frontières héritées de la colonisation obligent des peuples différents à cohabiter et dans ce contexte les interactions créent inéluctablement des querelles sur fond de conflits fonciers ou liés à l’appropriation de ressources ou encore d’activités économiques qui mettent à mal la cohésion sociale. De plus l’enseignant chercheur a dénoncé une « absence d’arbitrage attendu de l’Etat dans des conflits locaux » qui met à mal la cohésion sociale et qui fait des querelles locales un terreau fertile dont certaines personnes mal intentionnées instrumentalisent les ressentiments. Au Sociologue de rappeler que « nous avons un chantier qui est celui d’accepter que la réconciliation ne viendra pas de dehors ». Afin de construire cette réconciliation les rhétoriques tels que « si six devient neuf » qui font penser à la « triste réalité d’une société qui n’a pas encore fini de solder tous ses comptes » doivent disparaitre pour laisser la place à une société qui a vécu la crise et qui veut apprendre à ses enfants ‘’la non-répétition’’. En somme les Docteurs Kouamé et N’goran sont d’avis avec le Secrétaire d’Etat pour dire que la réconciliation se construit sur la vérité et « le droit de savoir est un droit fondamental qui se décline sous forme de devoir de mémoire ».
La table ronde ‘’Graine de Paix’’ a été l’occasion pour Mme Marie N’guettia responsable pays du programme ‘’Mémoire, Justice et Réconciliation’’ et Dr Claus-Dieter Koning responsable sous régional de de la fondation ‘’Rosa Luxembourg’’ venu de Dakar pour la circonstance de présenter leur structure.
Belinda A
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